Parmi les nouveautés que souffle la Galerie Harmattan cet hiver, Nicolas propose les bustes en taille directe sur bois de peuplier du sculpteur Emmanuel Bour.
Ce sculpteur de talent de 55 ans fait naître sous son ciseau des figures totémiques, chargées par la mythologie et les croyances. Qu’il s’agisse de « La Fiancée » cette jeune femme Peuhl, ou du « Nkissi » tel un fétiche Congo… Emmanuel Bour travaille l’être non pas depuis l’extérieur mais par l’intérieur : il charge ses œuvres de ses propres sentiments, de son esthétisme et des cultures qu’il a traversées. Ainsi chaque œuvre -unique bien sûr- possède cette singularité, cette vie, que le sculpteur lui insuffle. Emmanuel Bour puise son inspiration dans la beauté qui nous entoure mais aussi dans la symbolique. Ainsi « Jeune Homme » montre la jeunesse dans son âge virile, en pleine santé. Le buste mais aussi la corne de bélier qui coiffe sa tête sont les attributs de cet âge. Pourtant l’artiste n’en reste pas là. Il imprime à son œuvre la conscience du temps qui passe, une certaine vacuité… Le crâne porté dans la nuque est une « vanité » et signifie l’impermanence de la jeunesse glorifiée par ailleurs. La taille directe du bois est un ouvrage lent, diligent, où le repentir n’existe pas. Chaque geste est pensé, mesuré, pour être exécuté avec dextérité, jusqu’à la patine de l’œuvre qui offre l’aspect soyeux presque tactile de la peau. La patine justement : entre le grain du bois, parfois travaillé à contre-fil pour rendre une texture de cuire ou d’écorce, ou au contraire ouvragé avec délicatesse pour qu’en ressorte le soyeux de ce peuplier et toute la douceur de la peau humaine ; entre le grain donc et l’usage d’onguents mystérieux de cendre et de kaolin, à la fois peintures corporelles et base de la sculpture traditionnelle médiévale, l’artiste fait ressentir l’aspect mystérieux du sur-être… entre totem et mythe. Une découverte étonnante, belle, pleine de force et de douceur à la Galerie Harmattan cet hiver.